mercredi 13 octobre 2010

INRP: un budget qui ne prépare pas l'intégration dans l'ENS

Article du site TOUTEDUC, publié le Mardi  12 octobre 2010

Les personnels de l'INRP (Institut national de la recherche pédagogique) ne comprennent pas quelles sont les "intentions réelles" de leurs ministres de tutelle, Valérie Pécresse et Luc Chatel. En effet, le projet de loi de finance 2011 "prévoit un budget pour l'INRP", alors que les deux ministères ont prévu, dans la lettre de mission qu'ils ont adressée au président de l'ENS Lyon, "une intégration de l'INRP au sein de l'Ecole normale supérieure de Lyon, à compter du 1er janvier 2011". Les deux documents semblent contradictoires.
Les intersyndicales des deux organismes demandent qu'il soit mis fin à "ce jeu de dupes", et les personnels de l'INRP "revendiquent toujours la création d'un établissement  "ayant l'autonomie comptable, scientifique, contractuelle et la personnalité juridique et morale lui permettant d'assurer ses missions".

[CA-CS] Profession de foi pour l'élection partielle aux CA+CS du 26/10/10

Profession de foi de personnels syndiqués et non syndiqués
soutenus par les sections
CGT, FSU, SGEN-CFDT, UNSA-Éducation


Des personnels syndiqués et non syndiqués ont jugé opportun, comme en 2009, de se rassembler, au-delà de leurs positions personnelles et de leurs appartenances syndicales, sur une liste commune.
Il s’agit, aujourd’hui, de faire front ensemble à la situation de liquidation de leur institut. Les candidats, syndiqués ou non, s'engagent, pour la durée de leur mandat, à défendre et à faire avancer les positions suivantes dans les conseils.

Au conseil scientifique comme au conseil d’administration

Face à l’annonce, le 17 septembre 2010, de la décision ministérielle de création d’un "INRP nouveau" comme institut interne de l’ENS de Lyon au 1er janvier 2011, les élus s’engagent :
• à défendre l’autonomie comptable, scientifique, contractuelle et la personnalité juridique et morale permettant à cet "INRP nouveau" d’assurer ses missions nationales et internationales au service de la recherche en éducation et en formation et de ses acteurs ;
• à refuser tout démantèlement, tout abandon ou transfert de composantes, Musée National de l’éducation (Rouen), Service d’histoire de l’Éducation (Paris), bibliothèque (Lyon) qui mutileraient le potentiel de l’INRP ;
• à demander les moyens financiers et humains, en particulier les enseignants détachés et associés, à la hauteur de ses missions au service de la recherche et de tous les acteurs de l’éducation et de la formation ;
• à soutenir un projet scientifique fort qui associe recherche, ingénierie pédagogique, expertise, aide à la décision, ressources, formation de formateurs, médiation et porte une ambition de service public à l’échelle nationale, européenne et internationale.

lundi 11 octobre 2010

[CTPC] Courrier des représentants des personnels au CTPC, à l'adresse de la direction de l'INRP

Monsieur le Directeur,
Monsieur le Secrétaire général,

Nous venons d'apprendre que la direction de l'INRP envisageait de donner accès à la base Virtualia à la DRH de l'ENS afin de préparer les entretiens individuels préalables à l'intégration prévue de l'INRP dans l'ENS.

En complément des courriers adressés ce week-end par l’Intersyndicale, nous tenons, en tant que représentants des personnels au CTPC, à manifester par la présente notre plus vif étonnement.

Il est inacceptable que les représentants des personnels au CTPC, instance en premier lieu concernée par les procédures se rapportant à la gestion des personnels INRP, n'aient pas été informés et consultés très officiellement par la direction de l'INRP aussitôt que ces modalités de collaboration avec les services de l'ENS ont été envisagées par elle.

Nous souhaitons savoir précisément dans quel cadre juridique s'effectue la transmission à des personnes extérieures à l'INRP d'informations potentiellement confidentielles concernant les agents en poste dans cet établissement. A quelles rubriques de Virtualia la DRH de l'ENS aura-t-elle accès ? Ces informations pourront-elles être copiées, archivées, sauvegardées, gardées en mémoire ?

Nous vous rappelons que la transmission de telles données est strictement encadrée.

Chaque agent doit notamment être informé dès maintenant des éléments le concernant qui seront transmis à vos interlocuteurs de l'ENS.


Vincent Alamercery, SNTRS-CGT
Christophe Boshouwers, SGEN-CFDT
Sofiène Boumaza, SNASUB-FSU
Sabine de Lagarde, SGEN-CFDT
Sylvie Marcassa, FSU
Annie Portier, UNSA-Education
Laurent Trémel, SNCS-FSU
Représentants des personnels au CTPC de l'INRP

[Entretiens] Communiqué intersyndical contre les entretiens individuels

Les sections syndicales de l’Institut National de Recherche Pédagogique
19 allée de Fontenay, BP17424, 69347 Lyon
CGT, FSU, SGEN-CFDT, UNSA-Éducation
Cachan, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, le 8 octobre 2010


À
Direction et Présidence des Conseils de l’INRP,
Présidence et Direction de l’ENS de Lyon,



Messieurs les Présidents,
Messieurs les Directeurs,


Les sections syndicales de l’INRP s’opposent à l’organisation d’entretiens individuels alors qu’aucun cadre juridique n’est défini à ce jour.
Elles demandent que soient respectées les annonces faites lors de la réunion extraordinaire du CA et du CS de l’INRP du 17 septembre dernier, à savoir :
– une cellule de pilotage composée des deux chefs de cabinet des ministres concernés, des directeurs des deux entités, de la DGESCO, de la DGESIP ainsi que des partenaires sociaux ;
– des entretiens individuels, qui n’ont rien d’obligatoires.

Elles remarquent que les partenaires sociaux n’ont pas été pour l’instant sollicités, que le CTPC de l’INRP, réuni le 30 septembre 2010, n’a été ni consulté ni même informé de ces entretiens obligatoires.
Ces entretiens individuels obligatoires avec les personnels titulaires n’ont aucun sens pour eux, car ils ne peuvent pas se projeter dans l’avenir puisque vous n’avez pas encore élaboré le projet de “l’INRP nouveau”…

Les sections syndicales de l’INRP vous demandent donc de surseoir, dès le lundi 11 octobre 2010, à l’organisation de ces entretiens individuels obligatoires, dans l’attente des décisions institutionnelles qui devraient définir l’INRP nouveau après la présentation du projet scientifique. L’INRP n’est pas encore un institut interne de l’ENS.

Avec toute notre considération



Les représentants syndicaux
CGT, Pierre Vérillon
FSU, Marie-Claude Derouet-Besson
SGEN-CFDT, Annie Feyfant
UNSA-Éducation, Annie Portier


[ENS] Déni de démocratie au Conseil d'administration

Communiqué SUD-Education publié le 08/10/10

Un Conseil d’Administration (CA) déjà composé à moitié de membres nommés, c'est
apparemment encore trop de contrôle pour la direction de l'établissement. A l’occasion du CA du vendredi 5 octobre, la direction sollicite le transfert, vers la seule personne du directeur, d’un nombre considérable de pouvoirs jusqu’alors détenus par le CA.

Il s'agit d'une application littérale de la LRU et du Code de l'Éducation modifié par celle-ci, qui prévoient que le CA puisse se défaire d'une partie de ses responsabilités en matière budgétaire au profit du chef d’établissement. Voici les modalités de délégation que la direction demande au CA d’adopter :
- une délégation générale (à l'exception du vote du budget et quelques autres prérogatives du CA), qui prévoit notamment que toutes les dépenses ou subventions d'un montant inférieur à 4000 euros sont désormais à la discrétion du directeur général ;
- des délégations spécifiques, concernant d’un côté l’immobilier, et de l’autre les décisions budgétaires modificatives (DBM), lesquelles permettent au directeur général de transférer en cours d’année des crédits entre différentes enveloppes, dans une limite de 1 million d'euros.

Plus que le vote du budget, ce sont ces décisions budgétaires en cours d'année qui orientent véritablement la politique de l'établissement. Avec la perte de ces compétences, la neutralisation d’un CA déjà structurellement faible se poursuit. Son rôle se réduirait désormais à une simple instance de validation post hoc des décisions discrétionnaires du directeur général. Une fois ces compétences confiées au directeur général, celui-ci  n'est plus responsable devant le CA, mais est seulement tenu de l'informer des décisions déjà prises.

A travers le transfert de ces compétences, les représentants des enseignants, des personnels et des étudiants perdent les moyens d’exercer un contrôle démocratique sur la gestion de l'établissement. Le rôle des représentants est nié sans vergogne par ces nouvelles dispositions !
Ces textes vont dans le sens d'une gestion autocratique de l'ENS de Lyon, au mépris de la collégialité. Peut-on laisser la direction passer en force ces dispositions, jugées inacceptables par les représentants démocratiquement élus ?

Mobilisons nous pour faire pression sur le CA


RASSEMBLEMENT VENDREDI A 9H DANS LE FORUM


Pour le respect des représentants élus, contre le règne de l’autocratie à l’ENS de Lyon !

lundi 4 octobre 2010

[Article] Noces ENS / INRP, la mariée n’est pas d’accord

Article publié le 04/10/10 sur  http://www.cafepedagogique.net, par Eric Sanchez, maître de conférence INRP/Université de Sherbrook.

"Les difficultés que rencontrent les enseignants dans les classes peuvent elles être résolues par quelques chercheurs qui, coupés du « terrain », écrivent des articles illisibles par l'instituteur de la classe unique d'Avenas ? En quoi la recherche qui est menée à l'INRP aide-t-elle nos politiques à prendre des décisions pour l'avenir de notre système éducatif ? Alors que l'intégration forcée de l'INRP dans l'Ecole normale supérieure de Lyon est programmée pour janvier, Eric Sanchez, maître de conférences à l'INRP, tente une réponse. Ce point de vue personnel sur les activités de l'INRP montre en quoi cet institut est unique et ce que peut coûter son intégration dans une instance de recherche pure.


« Une intégration de l'INRP au sein de l'Ecole normale supérieure de Lyon à compter du 1er janvier 2011 », telle est la décision des ministres de l'enseignement supérieur et de la recherche et de l'éducation nationale présentée par le président, Bernard Bigot, au cours du conseil d'administration de l'Institut du 17 septembre dernier. Depuis, les choses sont allées très vite. Les personnels ont exprimé, par la voix de leur intersyndicale, leur refus d'une décision vécue comme une « violence institutionnelle », dix des douze membres du conseil scientifique nommés par le ministre ont démissionné pour marquer leur indignation de n'avoir pas été saisis, une pétition a recueilli plus de 3000 signatures dont bon nombre de chercheurs étrangers et Yves Winkin, ancien directeur de l'ENS, a été nommé pour conduire ce projet à son terme [1].

L'INRP est un établissement public administratif placé sous les tutelles des ministères de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur et de la recherche. Son histoire débute avec le musée pédagogique créé en 1879 par Jules Ferry, devenu ensuite institut national de la recherche et de la documentation pédagogique puis INRP depuis la création du centre national de documentation pédagogique (CNDP) en 1976. L'INRP c'est 28 enseignants-chercheurs, 41 professeurs de l'enseignement primaire et secondaire, 158 BIATOS et un réseau de 715 enseignants affectés dans des établissements scolaires qui collaborent aux équipes de recherche. L'INRP c'est aussi un musée de l'éducation à Rouen et une des plus grandes bibliothèques en éducation d'Europe (près de 600 000 volumes). C'est un lieu de recherches, de ressources, d'expertises et de formation. Quand on circule dans les locaux du siège social aujourd'hui situés à Lyon, on y croise donc des chercheurs de l'Institut et des enseignants du secondaire mais aussi des chercheurs d'universités françaises et étrangères, des formateurs, des institutionnels et des personnels d'encadrement.

Faisons-nous l'avocat du diable. Après tout, quelle est l'utilité d'une telle structure pour notre pays ? Le Royaume Uni s'est débarrassé du BECTA [2] cet été. La France devrait-elle conserver l'INRP ? Les difficultés que rencontrent les enseignants dans les classes peuvent elles être résolues par quelques chercheurs qui, coupés du « terrain », écrivent des articles illisibles par l'instituteur de la classe unique d'Avenas ou du prof du collège de Vaux en Velin ? [3] En quoi la recherche qui est menée à l'INRP aide-t-elle nos politiques à prendre des décisions pour l'avenir de notre système éducatif ? Une intégration de l'INRP dans l'ENS n'est-elle pas le gage d'un recentrage sur des missions pertinentes par rapport au contexte et la production d'une recherche de haut niveau ?

En réponse à ces questions je voudrais apporter des éléments, certes fragmentaires, mais que je tiens de mon expérience d'enseignant détaché devenu maître de conférences à l'INRP et qui a été membre élu du conseil scientifique pendant trois ans.

L'INRP souffre d'une position inconfortable dans le paysage éducatif. Ce n'est pas un véritable laboratoire universitaire. Il ne peut donc être évalué avec des critères uniquement académiques. Son caractère d'institut de recherche lui confère néanmoins une certaine liberté qui lui permet de s'affranchir d'un strict respect de la ligne de pensée institutionnelle. Son public est mal identifié. Il peut s'agir des enseignants, des formateurs, des personnels d'encadrement ou des chercheurs eux-mêmes selon les ressources produites. De surcroit, l'INRP est très largement ignoré de ses ministères de tutelle qui ne s'adressent guère à lui pour lui passer commande.

On mesure mal l'impact des travaux conduits à l'INRP sur notre système éducatif. Combien de professeurs des écoles savent que l'opération « la Main à la Pâte » est conduite par l'Institut ? Dans quel autre lieu se déroulent des journées d'études où les enseignants peuvent présenter et diffuser les innovations qu'ils ont mises en place dans leurs classes ? Mesure-t-on bien l'intérêt de la participation d'un enseignant à une équipe de recherche INRP et les conséquences sur sa pratique, sur celle de ses collègues et, au-delà, sur ses stagiaires lorsqu'il devient formateur ?

On sous-estime l'influence de l'Institut à l'international. Tous mes collègues québécois connaissent l'INRP, mes étudiants lisent Aster [4] et utilisent les dossiers de la veille scientifique et technique (VST) pour leurs mémoires. Nombreux sont les chercheurs de l'INRP à participer aux réseaux internationaux et à collaborer à des projets européens. J'ai souvent pu constater en échangeant avec des collègues étrangers que l'INRP est connu au-delà de nos frontières et que son image est bonne. Le dernier rapport de l'AERES qui pointe les faiblesses de l'INRP dans ce domaine me semble ne pas l'avoir suffisamment pris en compte.

L'INRP est une interface. Il permet d'établir des liens entre des équipes de recherche, entre des chercheurs de différentes disciplines, entre des institutionnels et la recherche, entre des enseignants de différents niveaux, de différentes disciplines. Les interfaces sont généralement des lieux où se déroulent des phénomènes intéressants mais c'est aussi là que les choses deviennent complexes et sources de tensions. L'INRP est surtout un outil précieux qui permet des échanges entre le monde de la recherche en éducation et les praticiens. De nombreux pays qui mènent une réflexion sur cet aspect déplorent l'absence d'une structure permettant la mise en place de tels échanges [5]. La dernière table ronde que j'ai animée à l'INRP faisait dialoguer un inspecteur général, un chercheur en éducation et un enseignant. Il me semble que chacun s'est enrichi de ce dialogue et je ne vois pas que d'autres lieux qui le permettent.

L'INRP a donc une histoire chaotique et complexe dont l'avant dernier épisode tragique a été sa délocalisation à Lyon. C'est un outil dont l'utilité est sous-estimée et qui est sous-utilisé par ses ministères de tutelle. Pour autant le scénario d'intégration à l'ENS peut-il constituer une réponse aux difficultés rencontrées ? On peut en douter tant les modèles de référence sont différents. Dans le domaine de la formation continue, lorsqu'il s'agit d'accompagner la réforme des programmes de 2000, l'ENS de Lyon met en place un site disciplinaire dont la mission est de diffuser des informations scientifiques auprès des enseignants de sciences de la vie et de la Terre. Plus récemment, lorsque le ministère décide de promouvoir une nouvelle approche de l'enseignement scientifique, l'INRP s'appuie quant à lui sur la participation des enseignants aux équipes de recherche qui réfléchissent à de nouvelles démarches et organise, en partenariat avec les corps d'inspection, journées d'études et formations. Approche fondée sur les contenus disciplinaires vs approche pédagogique, l'intégration de l'INRP dans l'ENS pose la bien question de la solubilité du pédagogisme dans l'élitisme.

La lettre de mission d'Yves Winkin prévoit une « autonomie intellectuelle » pour le nouvel INRP intégré mais peut on raisonnablement imaginer qu'une liberté de décision soit possible dans le cadre d'une dépendance administrative ? Par ailleurs, l'avenir des enseignants associés est plus qu'incertain. L'INRP ne sera plus sous la tutelle de l'éducation nationale et malgré la volonté affichée de contractualiser avec la DGESCO pour continuer à associer les enseignants aux recherches, on peut en douter. Comment concilier la durée nécessairement longue des travaux de recherche avec les changements de priorités de l'institution ? Quant aux chercheurs et enseignants, très majoritairement en situation de détachement, le scénario le plus probable est un retour vers leurs universités et établissements scolaires d'origine.

L'intégration de l'INRP dans l'ENS n'est pas un mariage comme le suggère le titre de la dernière Lettre de l'Education [6]. Le marié est un jeune homme de bonne famille mais la présumée mariée n'est pas amoureuse. Il est peu probable que ce projet conduise à une intégration. Le greffon ne paraît pas compatible. Ce n'est même pas une dissolution à laquelle il faut s'attendre - la miscibilité est douteuse - mais plutôt à une disparition. Les motivations profondes de cette disparition ne sont certainement pas d'ordre scientifique puisque le conseil scientifique de l'établissement n'a pas été saisi. Très probablement, L'ENS récupèrera des postes, des locaux, un fond documentaire précieux et pourra développer des recherches qui s'inscriront dans la culture propre de l'établissement. Cette disparition annoncée n'est pas un acte isolé. Elle participe d'une lame de fond marquée par des suppressions massives de postes d'enseignants, par une formation initiale qui n'a de formation plus que le nom, par la diminution ou suppression des subventions aux mouvements éducatifs et, plus généralement, par un désengagement de l'Etat très inquiétant.