mercredi 29 septembre 2010

[Interview] INRP : « L'ENS de Lyon n'a aucune vocation à mener un quelconque plan social »


Interview d'Olivier Faron, directeur général de l'ENS-Lyon, paru dans AEF 29/09/10
« Il est nécessaire d'avoir une cohérence dans l'effort public », affirme Olivier Faron, directeur général de l'ENS de Lyon, au sujet du projet d'intégration de l'INRP, vendredi 24 septembre 2010. « Dans une logique de campus qui se renforce, peut-on avoir deux agents comptables, deux bibliothèques, etc. ? », interroge le directeur, qui assure par ailleurs que l'ENS « n'a aucune vocation à mener un quelconque plan social ». Olivier Faron évoque une « commande claire » des ministères, celle de « réfléchir au projet d'intégration de l'institut, avec une vraie autonomie scientifique et intellectuelle, dans le cadre des statuts de l'ENS de Lyon ». Il répond aux questions d'AEF avec Yves Winkin, directeur adjoint de l'ENS chargé de formaliser les missions du nouvel INRP, dont le rapport est attendu pour le 15 novembre 2010.

*AEF : *Quels statuts envisagez-vous pour le nouvel INRP ?

*Olivier Faron : *Au départ, il y a une demande explicite de la tutelle, et un soutien fort, sans quoi nous ne serions pas engagés dans ce processus. Il y a une commande claire des deux directeurs de cabinets [des ministres de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche], qui est de réfléchir au projet d'intégration de l'institut, avec une vraie autonomie scientifique et intellectuelle, dans le cadre des statuts de l'ENS de Lyon. Il est nécessaire d'avoir une cohérence dans l'effort public : dans une logique de campus qui se renforce, peut-on avoir deux agents comptables, deux bibliothèques, etc. ?

*Yves Winkin : *Nous devons essayer de trouver une forme nouvelle, qui pourra servir de modèle à d'autres établissements, articulant autonomie intellectuelle et prise en charge matérielle. Notre objectif est que l'institut redevienne à nouveau « incontournable » dans son domaine. Afin de renouer avec sa mission de réflexion sur l'éducation, il faut pour l'INRP nouveau un comité stratégique, un conseil scientifique qui aura une vocation prospective. Il peut être composé des grands spécialistes du monde de l'éducation, des représentants d'institutions comme le CIEP, le CNDP et les IUFM, ainsi que des spécialistes internationaux.

*AEF : *Comment allez-vous gérer la question des personnels ?

*Yves Winkin : *Pour ce qui est des enseignants détachés et des chercheurs associés, ils constituent un outil exceptionnel pour les remontées du terrain et il n'est pas du tout dans notre intention de nous en priver. Les écoles normales doivent sortir de l'anti-pédagogisme primaire : nos métiers sont partagés depuis longtemps, ce n'est donc pas une alliance contre-nature. En ce qui concerne le musée de Rouen, je vais leur rendre visite en octobre. Dans le cadre de la diffusion des savoirs, un redéploiement sur la muséologie pourrait devenir la liaison entre ce musée et l'INRP.

*Olivier Faron : *Je rappelle que l'ENS est une structure publique, nous ne sommes pas une entreprise qui mènerait une opération de fusion-acquisition… Et nous n'avons aucune vocation à mener un quelconque « plan social » ! Avec l'INRP, nous serons face aux mêmes problématiques que lors de la fusion des deux ENS, où nous avons défendu l'emploi public : cela s'est bien passé, nous savons faire (AEF n°125555 ). Dans le cadre de la mission d'Yves Winkin, les directions des ressources humaines vont procéder à des entretiens individuels des agents administratifs, y compris les contractuels, afin d'évaluer leurs profils et les possibilités. Le rapport présenté le 15 novembre donnera des orientations scientifiques et nos demandes en termes de masse salariale. Nous allons dire ce que doit être selon nous cet institut, et les moyens que nous demandons en conséquence : nous verrons ensuite si la tutelle nous suit et si les personnels y adhérent.*

AEF : *Quels seront les domaines de recherche à développer ?

*Yves Winkin : *Mon objectif premier est de proposer aux équipes quelques lignes de force. Le rapport de l'Aeres recommande par exemple de renforcer la recherche sur l'enseignement primaire (AEF n°137446 ) : je vais aller voir les enseignants-chercheurs, les directeurs de labos, pour leur demander ce qu'ils en pensent. Je vais aussi m'inspirer des structures comparables à l'étranger, par exemple au Québec (universités de Laval et de Montréal). Ma logique pour la recherche est de reconstituer toute la chaîne éducative, du primaire au supérieur. Il faut en particulier mener une réflexion sur la pédagogie envers les jeunes adultes, arriver à trouver des méthodes d'enseignement spécifiques à l'enseignement supérieur.

*Olivier Faron : *Le travail sur l'éducation peut porter de la recherche la plus fondamentale, avec pourquoi pas les sciences cognitives, jusqu'aux problématiques qui intéressent toute la société. Le centre Alain-Savary pourrait devenir l'agence nationale d'évaluation des politiques d'égalité des chances. Nous sommes dans une logique de renforcement des missions, il faut par exemple plus de réponses aux appels d'offres internationaux. Je pense aussi que l'INRP peut se saisir du métier de la formation continue.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire