mardi 7 septembre 2010

[Presse] L'ENS de Lyon absorbera bientôt l'Institut national de recherche pédagogique

Article paru dans Le Progrès le 07/09/2010
Hier, lors d'une cérémonie célébrant la rénovation du restaurant de l'ENS, il y avait des invités surprise. Une bonne cinquantaine de personnels de l'Inrp, travaillant sur le site de Lyon Gerland, se sont présentés avec des pancartes dénonçant « l'absorption de leur institut par l'ENS ». Autre image parlante, une silhouette représentant le ministère de l'Education nationale traînant un boulet symbolisant l'Inrp. Manière de signifier une inquiétude, relayée par les sections syndicales FSU, CFDT, CGT et Unsa de cet institut national, implanté à Lyon. « Au sein de l'ENS, nous ne sommes pas convaincus de pouvoir assurer toutes nos missions, notamment faire le lien entre la recherche et le terrain », résume Annie Feyfant, déléguée CFDT du personnel.
Rien n'est encore officiel. Mais il y a toutes les raisons de penser l'intégrations sera effective dès le 1er janvier. L'Inrp est décrié depuis longtemps. Nommé en septembre 2009, le directeur Jacques Moret était d'ailleurs chargé de présenter les axes de sa refondation. Une dernière chance pour l'autonomie selon les uns, une mission commandée « insertion à l'ENS » selon les autres. Le directeur a rendu son rapport fin juillet au ministère. Le document laisse ouvertes les deux pistes.
Au cœur du problème, la réelle efficacité de l'établissement. Censé conduire des travaux de recherche, répondre à des commandes d'intérêt national et apporter sa contribution au fonctionnement de l'école sur le volet pédagogique, l'Inrp reste en effet un objet non identifié pour le commun des enseignants. Les équipes s'y juxtaposent, des colloques de haut vol s'y succèdent, des travaux pointus y sont réalisés... Mais tout cela demeure peu visible et pas toujours en phase avec la réalité des classes. Il faut dire que le ministère de l'Education nationale, faute de commandes claires, n'a pas souvent aidé ce bel outil à exprimer son potentiel.
Le nouveau directeur a toujours affiché son intention de rendre l'institut plus réactif sur les questions concernant le système éducatif. Il souhaitait aussi que les travaux des chercheurs puissent (davantage) irriguer les pratiques des enseignants. Il affirmait enfin sa volonté d'ouverture à l'international. En revanche, il est toujours resté plus vague -et plus prudent- sur « l'insertion » de l'institut au sein de l'ENS de Lyon.
Ces derniers mois, l'Inrp s'est recentré sur ses missions. Il vient notamment d'ouvrir une plateforme pédagogique très pratique pour les enseignants débutants. Cela n'empêche son absorption prévisible. A l'ENS, le directeur Olivier Faron promet que l'Institut y gagnera « en lisibilité » mais n'y perdra pas en termes de personnels. Le président Jacques Samarut se défend de souhaiter une quelconque « dissolution » et souligne la cohérence des missions de l'Inrp avec celles de l'ENS en terme de formation. Mais il reste plusieurs questions en suspens à trancher. Notamment le maintien d'une gouvernance propre à l'Inrp, le choix de la tutelle (recherche ou éducation), le sort du musée de l'Education à Rouen, la mutualisation des moyens administratifs ainsi que les missions prolongées de certains enseignants qui font office de chercheurs.
Muriel Florin

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